Jean-François Martin Publié le 20 novembre 2008 - Mis à jour le 21 juin 2019
Les énergies renouvelables : après avoir été un sujet anecdotique raillé par certains, freiné par d'autres et ignoré par la majorité, elles deviennent un enjeu économique essentiel qui nous concerne tous, et pour de bonnes raisons.Notre portefeuille, nos emplois, notre environnement.
Les énergies renouvelables, incontournables aujourd'hui
J’entendais sur France Inter un artiste très connu, que je ne nommerai pas, grand défenseur de l’art et de la civilisation moderne, qui se plaignait que l’écologie envahissait tous les secteurs de la société, devenant étouffante.
Il expliquait, à raison, que la nature ce n’est pas la beauté, la pureté et l’angélique vision qu’en ont les citadins. Je le rejoins sur ce dernier point uniquement; la nature est dure en effet et survivre pour un homme demande un combat quotidien qui l’a amené là ou nous en sommes aujourd’hui.
Ce n’est donc pas le fruit du hasard si notre civilisation est devenue industrieuse et industrielle et personne ne souhaite dormir dans une forêt glaciale en hiver seul avec des prédateurs.
MAIS, d’une part le confort dont parle JM.R… n’est partagé que par une petite partie de la population mondiale, d’autre part personne ne souhaite revenir au temps des cavernes, ce qui ne signifie pas faire n'importe quoi à n'importe quel prix !
Parler d’écologie aujourd’hui, ce n’est pas régresser mais bien s’appuyer sur de la technologie de pointe et surtout sur de l’intelligence. Agir écologie aujourd’hui, c’est rattraper notre insouciance de plusieurs siècles et c’est inventer une façon de vivre plus apte à permettre au plus grand nombre de vivre décemment.
Il est étonnant que ceux qui dirigent le monde et prennent 30 ou 40 fois l’avion par an pour sillonner le globe, pour des réunions de 4 heures, ne se posent pas la question suivante : est-ce normal ?
Ne pourrait-on pas, au moins de temps à autre, utiliser la vidéo conférence ?
Pourquoi les architectes, qui ont conçu des millions de m² de bureau, dans des tours en verre nécessitant la climatisation jour et nuit, ce qui représente 30% de la consommation électrique française, n’ont-ils pas prévu une crise annoncée depuis des années ?
Plusieurs villes, dont Barcelone, ont voté des lois d’obligation d’intégration du solaire dans les nouveaux bâtiments ; Fribourg est la ville la plus écologique en Europe et Londres, avec le quartier BEDZED, a servi de modèle pour le monde entier.
Le monopole des pétroliers a, pendant des dizaines d’années, retardé l’exploitation de l’intelligence des chercheurs qui, faute de budgets, d’enjeux et de débouchés, n’ont pas pu trouver d’alternatives.
Et pourtant, depuis que la fin des énergies fossiles est annoncée et que les prix nous étranglent, un formidable élan de recherche et de collaboration se met en place, avec des trouvailles toutes plus intéressantes les unes que les autres.
Soudain, on a l’impression que l’énergie est partout : le solaire, l’éolien, la géothermie, la force motrice des marées ou de la houle, la biomasse, les centrales à concentration solaire; comme si l’homme se rendait compte finalement que son environnement était riche et adapté, à condition qu’il se serve de sa tête.
Une nouvelle conscience écologiqueCe qui est nouveau également, c’est l’engagement des citoyens, qui s’investissent dans la production locale d’énergie : groupements d’achats, de production, équipements collectifs dans les villages avec des centrales à cogénération pour le chauffage, non pas d’une seule habitation, mais du village entier ou des équipements publics.
Utilisation des ressources locales : déchets végétaux (biomasse pour création de biogaz), bois (chaudière à déchets de bois), géothermie, solaire.
Les industriels travaillent sur des centrales immergées utilisant la force motrice des vagues ou le mouvement des vagues pour générer du courant comme le PELAMIS, conçu par une entreprise écossaise; cette machine, composée de plusieurs cylindres, sur une longueur totale d'environ 150 mètres, ondule comme un serpent. Au niveau des charnières, des marteaux hydrauliques pompent une huile à haute pression et fournissent une énergie qui est convertie en électricité par un générateur.
Photo DR
De nombreuses autres initiatives pourraient être encore citées en ce qui concerne cet engouement nouveau pour les énergies renouvelables, mais notre but n’est pas ici de faire le tour de tout ce qui existe; prenons déjà conscience que nous pouvons faire pression sur les pouvoirs publics pour qu’ils fassent les bons choix et ne cèdent pas à nouveau aux lobbys de tous poils. Car à la clé se joue l’indépendance énergétique, la création de milliers d’emplois et le maintien d’un niveau de vie raisonné.